Être le père d’un bâtard

PRÉSENTATION

Comment le désir se construit-il ? Comment les représentations de la sexualité façonnent-elles nos fantasmes ? Être le père d’un bâtard part de l’aveu d’une honte, celle d’éprouver du désir pour des situations de violences exercées par des hommes sur des femmes. Condamner la violence tout en la désirant : la pièce explore ce paradoxe pour enquêter sur la construction du désir et des images qui le fabriquent. Trois adolescentes aident la protagoniste à dénoncer les mécanismes de violence agissants jusque dans son corps et dans ce qu’elle a de plus intime : son désir.

Attention : ce spectacle aborde des thématiques sensibles, notamment celles des violences sexuelles et des féminicides.

En 2016 je rencontre Mina sur Internet. Nous avons le même âge ou presque. Je viens juste de quitter l’adolescence que Mina découvre seulement. Je vis en France, à Sète puis à Paris. Mina vit au Brésil, à Rio de Janeiro où je suis allée en vacances avec mon frère quand j’avais seize ans. Lorsque je rencontre Mina, je pense beaucoup à elle. Mina ne pense pas à moi. Elle ne me connaît d’ailleurs pas. C’est une rencontre unilatérale. Ce n’est même pas vraiment une rencontre. Je ne sais de Mina que ce que je lis dans le journal. Comment l’histoire de Mina de l’autre bout de l’Atlantique est parvenue jusqu’à moi ? C’est la violence qui a joué l’entremetteuse entre nous. La violence exercée par trois dizaines d’hommes sur le corps adolescent de Mina. C’est cette horreur qui a fait entrer Mina dans ma vie. Mais par-dessus tout, ce qui me sidère c’est ce que je ressens. Je condamne le crime du plus profond de mon être mais mon corps y répond comme en appel. Il s’anime comme s’il était question de quelque chose de désirable. Je me déteste, me juge, j’ai honte, je me demande pourquoi, comment, je me sens coupable, je me sens sale.

Comment puis-je ressentir du désir pour quelque chose d’abject, de criminel ? Et surtout d’où vient-il ? Pourquoi je le ressens ? Pourquoi l’exercice de la violence par un homme sur une femme me fait l’effet de quelque chose d’excitant ? À quel endroit de ma vie mon imaginaire s’est-il construit en relation avec cette violence ? Avec cette domination ? Pourquoi existe-t’il cette dichotomie entre mes convictions politiques et mon désir ? Pourquoi mes fantasmes se manifestent-ils en dehors de mon cadre éthique ? Qu’est-ce que cela fait de moi ? Où se situe ma responsabilité ?

De ce champ de réflexion naît une question essentielle, nécessaire, primordiale : le désir connait- il une éthique ?

L’écriture se construit à partir des histoires de Shaina, Mina et Mona, trois adolescentes ayant vécu des situations extrêmement et mortellement violentes par des hommes. Chacune de leur histoire vient apporter des éléments de compréhension sur les mécanismes de cette violence avec comme fil conducteur la construction du désir au regard d’une sexualité violente présentes dans les films pornographiques. Un seul personnage existe dans le texte, celui d’une sorte de fée à mi-chemin entre la marraine et la maquerelle. Elle incarne la gardienne du patriarcat. À travers elle, il est question d’une autre forme de violence, peut-être plus insidieuse, qui s’exprime dans la transmission féminine des rapports de domination.

Ces deux violences se complètent et fonctionnent ensemble. Au-delà de dénoncer la domination masculine et de condamner les hommes, il s’agit d’examiner comment elles agissent sur les corps et influencent les mécanismes désirants. Il s’agit alors de trouver de nouvelles manières de désirer et d’éveiller le corps à d’autres scénarios. C’est à cet endroit que le texte travaille. Il vient soigner une aberration.

Texte et mise en scène Lola Guiton jeu Irène Voyatzis musique Victor Bindefeld création lumière Hervé Gajean scénographie Margaux Lalanne, Marie Cantenys assistanat mise en scène Agathe Vidal 

Coproduction Théâtre du Beauvaisis- Scène nationale de Beauvais, Théâtre Paris-Villette avec le soutien des Ateliers Médicis, de La Faïencerie – Scène conventionnée de Creil, du Théâtre-Studio – Alfortville, de Montévidéo, Centre d’art – Marseille, de L’Annexe – Romainville en partenariat avec le ministère de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports aide à la résidence de la Ville de Paris

  • du mardi au samedi à 20h30
  • durée :  1h35
  • Tarifs TS

Lola Guiton se forme au Conservatoire de Pantin ainsi qu’à la classe Égalité des Chances de la MC93. En parallèle, elle suit une licence d’Art du Spectacle à l’Université de Nanterre puis entre à la Sorbonne Nouvelle en master de Création théâtrale. En 2018, elle met en scène le texte de Kae Tempest, “Les nouveaux anciens“ avec lequel elle obtient son DET mention très bien. Elle crée le collectif CHNOPS pour son spectacle de sortie de Master, “Richter sur la banquise“, qui se joue à la MC93 puis au Théâtre de l’Opprimé. En 2020 elle bénéficie d’une bourse du dispositif FoRTE de la Région Île-de-France pour son spectacle “Épluchures“. En 2021, Lola fonde la compagnie Les Mordantes et crée avec Aurélie Debackère le spectacle déambulatoire “Big Bang et Marguerites“ qui se joue dans le département du Lot, à Romainville et à Montreuil. Parallèlement, elle collabore avec la cie Terraque en animant des stages mêlant mathématiques et théâtre à destination de collégiens dans le département du 93. Elle travaille à l’organisation du festival d’arts vivants Sorties de route, qui à lieu dans le Lot chaque été. En 2023 elle est soutenue par les Ateliers Médicis à travers le dispositif Création en cours. Au cours de cette résidence elle mène un projet avec une classe de CM1/CM2 dans l’Oise autour du thème de l’Utopie. En 2025, Lola Guiton crée son spectacle “Être le père d’un bâtard“ et intervient dans différentes structures pour y mener des ateliers. Pour la saison 2025/2026, elle devient artiste associée au Théâtre-Studio d’Alfortille.

Irène Voyatzis reçoit  en 2019 le DNSPC au Studio l ESCA après une première formation à l’école Claude Matthieu. Elle travaille en tant que comédienne avec plusieurs compagnies et structures en France, dont le Théâtre des Ilets (Carole Thibaut), le Studio Théâtre de Stains (Marjorie Nakache), le Festival du Jamais Lu (Rémi Barché), Majorine (Steffy Glissant), et les compagnies Tant Qu’On Y Est, En Eaux Troubles, Les Longues Journées. Elle est comédienne dans le spectacle Ces filles-là créé en 2021 à Tropique Atrium-Scène Nationale de Martinique. Elle tourne également dans des courts-métrages et des séries, dont La meilleure version de moi-même de Blanche Gardin. En 2022, Irène met en scène Dans la forêt disparue d’Olivier Sylvestre, une création du Dahlia Blanc, la compagnie de théâtre et arts visuels qu’elle co-dirige avec le comédien marionnettiste Antoine Formica. La prochaine création de la compagnie, Les Tisserandes, verra le jour lors de la saison 2026-2027.

Victor Bindefeld est musicien, scénariste et réalisateur. Sorti de l’école de cinéma l’Eicar en 2018, il travaille depuis sur des courts-métrages, documentaires et publicités. Son dernier court-métrage, Buona Notte, qu’il porte avec Grégoire Bensimon en tant que scénariste, réalisateur et musicien, est produit par Stupefy et distribué par Manifest sur Canal+ et OCS. Il a été sélectionné dans de nombreux festivals en France et à l’étranger et a reçu plusieurs prix dont le Prix du Jury jeune création et le Prix du Public jeune création au festival Images in Cabestany. Actuellement, il travaille en tant que scénariste sur le long métrage Les enfants aux cheveux blancs et la série Doggy Style. Depuis dix ans, Victor a l’occasion de jouer avec ses différents groupes dans des salles de concert comme le Bataclan, l’Alhambra, le Gibus, le Batofar. En 2021 il conçoit et interprète avec Grégoire Bensimon la musique du spectacle Richter sur la banquise. Il est guitariste et compositeur au sein du groupe de funk Spank the Lion avec lequel il se produit régulièrement. Leur premier EP, Spank it, est sorti à l’été 2024. La création musicale d’Être le père d’un bâtard marque sa deuxième collaboration avec Lola Guiton.

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